Des solutions face aux conditions de stage alarmantes pour les étudiants vétérinaires de l’ULiège

La presse se fait écho de conditions de stage déplorables en termes d’horaires pour les étudiants en dernière année de médecine vétérinaire à la clinique vétérinaire de l’ULiège.

Comme pour les candidats médecins spécialistes, la loi du 12 décembre 2010 (fixant la durée du travail des médecins, dentistes, vétérinaires, des candidats-médecins en formation, des
candidats-dentistes en formation et étudiants stagiaires se préparant à ces professions) fixe également la durée du travail des vétérinaires et étudiants stagiaires se préparant à ces professions.

Il est ainsi prévu que la durée de travail hebdomadaire ne dépasse pas les 48 heures en moyenne avec des pics autorisés à 60 heures. Un temps de travail additionnel de maximum 12 heures par semaine peut être presté afin d’assurer des gardes moyennant un accord individuel écrit.

Certains étudiants vétérinaires dépasseraient régulièrement les horaires qui s’étalent normalement de 9h à 17h, en dehors des gardes et des soins intensifs – ces gardes pouvant durer jusqu’à 14h. Les temps dévolus aux pauses seraient également rares. Il serait donc habituel de prester 60 heures de travail par semaine quand, je l’ai dit, il devrait normalement s’agir de « pics autorisés ».

L’instauration du concours à la fin de la première année de médecine vétérinaire a inévitablement réduit le nombre d’étudiants en dernière année, augmentant la charge de travail – ou de stage – à ce moment du cursus. La faculté de médecine vétérinaire de l’ULiège est en train de réformer les programmes afin que les étudiants en première année de master puissent également bénéficier de cet enseignement clinique.

D’où ces questions à la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny :

  • D’après vos informations, quelle est la situation exacte en clinique et dans les auditoires de médecine vétérinaire à l’ULiège ?
  • Avez-vous pu consulter les représentants étudiants ainsi que des parents d’étudiants dont certains dénoncent la situation dans la presse ?
  • Quelles réponses sont apportées à ces conditions de stages pour le moins alarmantes envers la santé des étudiants et des animaux ?
  • Quelles solutions structurelles ont été trouvées pour répondre à la détresse des étudiants ?
  • Une charte, une convention de stage est-elle remplie par toutes les parties, sans pression aucune, et, si oui, comment s’assurer que celle-ci soit respectée ?

Réponse de la Ministre :

« Tout d’abord, le Commissaire du Gouvernement auprès de l’Université de Liège (ULiège) m’a informé qu’il n’a pas été interpellé par des étudiants de la faculté sur cet aspect. L’article de presse cité dans votre question ne semble dès lors pas représentatif de l’ensemble de la population étudiante pratiquant à la clinique vétérinaire de l’ULiège, car sur les milliers d’étudiants de master qui ont pratiqué dans cette clinique, seuls quelques-uns ne seraient pas satisfaits de leur formation clinique.

Ensuite, je constate un amalgame dans les propos relatifs aux conditions de stage en clinique vétérinaire. En effet, les programmes de formation dispensés actuellement par la faculté de médecine vétérinaire de Liège stipulent que les étudiants de troisième année de master doivent suivre à la fois des activités cliniques et des stages. Il y a donc d’une part, l’activité clinique que l’étudiant fréquente et pratique durant sa formation à la clinique vétérinaire auprès d’enseignants, et d’autre part, le stage qui, lui, est régi par des conditions spécifiques et suivi auprès de superviseurs, professionnels praticiens qui sont extérieurs à l’ULiège. L’article de presse que vous mentionnez ne porte pas sur les stages, mais sur la pratique à la clinique vétérinaire.

Nous avons pris contact à ce sujet avec la doyenne de la faculté de médecine vétérinaire de l’ULiège et avec le Commissaire du Gouvernement. Ils nous ont indiqué que les différentes évolutions du programme de la faculté sont calquées sur les réalités de terrain. Initialement, les activités cliniques étaient proposées progressivement aux étudiants durant les trois années de master. L’afflux d’étudiants, sans régulation, a forcé progressivement le report des activités cliniques en fin de master dès lors qu’il y avait trop d’étudiants en master et pas assez de cas cliniques pour assurer la qualité de la formation. Nous avons déjà parlé de ce sujet à plusieurs reprises.

La mise sur pied du concours, et sa pérennisation l’an dernier, ont apporté une solution structurelle qui a diminué le nombre d’étudiants dans la filière et augmenté la qualité de la formation (la Faculté a d’ailleurs récupéré son agrément européen). La structuration des programmes proposant les activités cliniques pour partie en deuxième année de master, et principalement en troisième année de master, a engendré une pression effective sur les étudiants de troisième année, dont la charge de travail a augmenté dès lors que le nombre de cas cliniques est stable et que le nombre d’étudiants a diminué.

La faculté de l’ULiège est actuellement chargée d’une importante réforme des programmes qui permettra de rééquilibrer la charge de travail sur les trois années de master, de sorte que les étudiants en première année participeront également aux activités cliniques, et ce, à leur très grande satisfaction, eux qui en étaient privés depuis une dizaine d’années.

Par ailleurs, la doyenne nous a confirmé que la faculté, et plus largement l’ULiège, dispose de différents organes et personnes – conseillers des études, vice-doyen à l’enseignement, doyenne, personnes de confiance, etc. – dont le rôle est de recevoir les éventuelles doléances des étudiants et d’y apporter des solutions. Si des étudiants rencontrent des difficultés, je les encourage vivement à se tourner vers ces personnes au sein de leur institution.

En ce qui concerne l’encadrement des stages dans l’enseignement supérieur, nous avons modifié, par le décret du 19 juillet 2021 portant diverses dispositions en matière d’Enseignement supérieur, d’Enseignement de promotion sociale, de Recherche scientifique et d’Hôpitaux universitaires, l’article 20 du décret du 18 juillet 2008 fixant des conditions d’obtention des diplômes de bachelier sage-femme et de bachelier infirmier responsable de soins généraux, renforçant la mobilité étudiante et portant diverses mesures en matière d’enseignement supérieur. Il s’agissait d’établir les balises d’une convention-cadre de stage en fixant les éléments minimaux que cette dernière devrait contenir. Un modèle a été élaboré par l’ARES et, dès le 20 juillet 2021, les établissements ont été invités à l’utiliser. Ce modèle repris dans la circulaire 8199, tant pour les bacheliers sage-femme et infirmier responsable de soins généraux que pour l’ensemble des formations paramédicales.

À ma demande, l’ARES procède actuellement à l’évaluation de l’utilisation de cette convention ainsi que des éventuelles modifications à y apporter. Nous pourrons ensuite envisager de formaliser le modèle, non plus uniquement par circulaire, mais par un arrêté. L’ARES est également interrogée sur l’opportunité d’étendre cette convention à d’autres filières. »