De nombreuses études soulèvent la sédentarité grandissante des étudiants. C’est le cas notamment d’une récente enquête de l’Observatoire national français de l’activité physique et de la sédentarité et de l’Association nationale française des étudiants en staps, qui indique que 58 % des étudiants ne pratiquent pas d’activité physique et sportive « en raison d’un manque de temps lié aux contraintes universitaires ».
Or, nous savons que l’absence de pratique sportive soulève des enjeux majeurs de santé publique tels que l’obésité, le diabète et les problèmes cardio-vasculaires.
Face à cette problématique, certaines universités françaises, comme l’université Paris Cité, proposent aux étudiants de s’inscrire à des cours de sport gratuitement, notamment en unité d’enseignement libre : les cours de sports constituent là une option dans l’ensemble des filières, et permettent ainsi aux étudiants volontaires d’engranger quelques crédits en pratiquant une activité physique.
Même si cette possibilité reste encore assez rare, notamment en raison de la difficulté d’intégrer cette option dans les cursus et du manque d’infrastructures, son effet incitatif quant à la pratique sportive sur les étudiants est particulièrement fort.
En avril 2021 déjà, j’interrogeais la Ministre de l’Enseigement supérieur, Valérie Glatigny, au sujet des initiatives sportives mises en place pour les étudiants dans le cadre de la pandémie. Elle indiquait alors ne pas disposer d’un état des lieux exhaustif des différentes initiatives et innovations qui ont émergé dans les établissements d’enseignement supérieur.
D’où ces nouvelles questions :
- Existe-t-il à ce jour des données précises sur la pratique du sport par les étudiants en Fédération Wallonie-Bruxelles ? Ce type de données existent-elles en ce qui concerne les infrastructures existantes au sein des établissements et les offres proposées à l’heure actuelle ?
- Des initiatives sont-elles en particulier prévues dans le cadre du blocus ?
- Si ces données n’existent pas, la mise en œuvre d’une étude à ce sujet est-elle envisagée ?
- Quelles mesures avez-vous mises en place afin de promouvoir l’activité sportive des étudiants ?
- Enfin, la possibilité de consacrer des crédits aux activités sportives, comme c’est le cas en France, est-elle une piste actuellement à l’étude ?
Réponse de la Ministre :
“En tant que ministre de l’Enseignement supérieur, mais aussi des Sports, je suis bien entendu sensible à l’activité physique que pratiquent nos étudiants et aux enjeux de santé publique y afférents. Il existe dans le paysage sportif de la Fédération Wallonie-Bruxelles une association reconnue: l’Association sportive de l’enseignement universitaire et supérieur (ASEUS). Elle a justement pour objet de promouvoir, développer et coordonner les activités et les compétitions sportives au sein des universités et des hautes écoles de notre Fédération.
L’ASEUS a bénéficié en 2022 d’une subvention de près de 490 000 euros. Elle concentre son travail de terrain autour de trois axes: le sport pour tous, à l’attention donc de tous les étudiants; l’organisation de compétitions sportives; la gestion des projets de sportifs de haut niveau, leur participation aux différents jeux universitaires et leur accompagnement avec l’aide du service Projet de vie de l’ADEPS. Vous retrouverez par ailleurs sur le site www.aseus.be un aperçu de l’ensemble des complexes sportifs mis à disposition par nos établissements.
En 2022, en collaboration avec l’ADEPS, l’ASEUS a mis sur pied pour la première fois l’ASEUS Student Trophy, accessible à tout étudiant de notre Fédération. Ce projet aurait normalement dû voir le jour plus tôt s’il n’y avait eu la crise sanitaire.
Par ailleurs, l’ASEUS accorde beaucoup d’importance au lien entre le sport et la santé. Son site internet comporte une page dédiée spécifiquement à cet aspect, où sont abordés non seulement des conseils en matière de pratiques sportives, mais également les bienfaits du sport au quotidien. La récolte de données au sein de la communauté étudiante ne fait par contre pas partie des missions qui lui ont été confiées. Par ailleurs, une étude plus précise sur la pratique du sport de façon générale n’est pas actuellement à l’ordre du jour.
Concernant le blocus, j’ai constaté à titre d’exemple que l’ULB proposait aux étudiants des vidéos multidisciplinaires encourageant la pratique sportive durant les périodes d’étude. Plus généralement, les infrastructures sportives restent accessibles durant les périodes de blocus, périodes particulièrement indiquées pour conserver une activité physique.
Concernant la possibilité de consacrer des crédits d’études aux activités sportives, comme dans l’exemple français que vous citez, qui n’est pas une mesure généralisée, il faut bien comprendre que l’expérience de la vie étudiante peut être composée d’activités tant académiques qu’extra-académiques. Le sport relève plutôt ici de cette seconde catégorie, qui peut bien entendu être soutenue et encouragée.
L’intégration du sport au sein des cursus relève de l’autonomie des établissements. Vous comprendrez qu’en matière d’enseignement supérieur, les spécificités des différentes formations et des institutions ainsi que la qualité des études incitent à la prudence quant à l’instauration de mesures générales pour répondre à des besoins qui peuvent être rencontrés de différentes manières.
Les établissements d’enseignement fournissent d’ailleurs de nombreux moyens à leur communauté étudiante pour l’inciter à la pratique sportive. Les cartes sport leur donnant accès à tarif réduit à de nombreuses activités sportives peuvent leur être attribuées pour des sommes démocratiques.
Il existe aussi d’innombrables compétitions, championnats et trophées organisés sur les campus de nos établissements et des catégories très diverses de sports. Des cours sont également proposés aux étudiants. Enfin, il existe aussi des kots-à-projets actifs dans ce domaine, comme c’est le cas à l’Université catholique de Louvain (UCLouvain).”
Je tiens à saluer le travail de tous ceux qui sont actifs sur cette question, notamment l’ASEUS. Ces initiatives permettent à un maximum d’étudiants de pratiquer un sport dans le cadre de leurs études. On sait à quel point c’est essentiel, non seulement pour leur santé, mais aussi pour leur réussite, en réduisant le stress.
Cette réflexion doit se poursuivre de manière institutionnalisée pour faciliter au maximum la pratique du sport par les étudiants. Ce travail pourrait être basé sur trois points. Premièrement, une étude, qui ne semble pas à l’ordre du jour, pourrait être réalisée sur la situation en Fédération Wallonie-Bruxelles. Deuxièmement, une réflexion peut être menée sur la qualité des infrastructures et le renforcement de l’offre sur les différents campus. Enfin, la question de l’intégration des crédits consacrés au sport de façon transversale, dans l’ensemble des cursus, pourrait être étudiée. Une telle intégration engendre certes des difficultés. En France, cette possibilité reste limitée à certaines universités et à certaines filières. Toutefois, la dynamique est intéressante et il serait opportun d’y réfléchir. En effet, c’est un vrai levier structurel pour encourager les étudiants à pratiquer le sport, un peu comme dans l’enseignement secondaire de certains pays, où des demi-journées sont consacrées au sport, ce qui a eu un véritable impact sur la santé publique. Voilà les quelques pistes de réflexion que je me permets de suggérer.