Faire du démantèlement des centrales nucléaires une opportunité économique

Le gouvernement fédéral vient de conclure un accord avec Engie concernant la prolongation de Tihange 3 et de Doel 4. Après 20 années de tergiversations, le cap est désormais clair et définitif : 2 réacteurs sont prolongés pour 10 ans et les 4 autres encore en fonctionnement fermeront d’ici à 2025.

On a donc à présent enfin un horizon clair, comme le réclamaient l’ensemble des acteurs et investisseurs.

Alors que le réacteur de Tihange 2 fermait cette semaine, cela permet à présent de se concentrer pleinement sur les défis qui nous attendent en ce qui concerne le démantèlement des réacteurs, la reconversion du site et de la région de Tihange et l’accompagnement des travailleurs. Jusqu’à présent, les incertitudes quant à la prolongation d’un réacteur ont en effet empêché d’avancer correctement sur ces différents plans, alors qu’il y a urgence.

Désormais, Engie peut déterminer combien d’employés seront nécessaires pour le maintien de la production et combien peuvent être formés au démantèlement et reclassés.

Et là, le rôle de la Région est capital. L’opportunité économique liée au marché du démantèlement est en effet énorme si on développe une expertise propre en la matière. On parle de plusieurs centaines de milliards d’euros à l’échelle européenne dans les décennies à venir. Mais il faut absolument mettre en place les outils pour assurer que la main d’œuvre ne soit pas sous-traitée à l’étranger.

Le gouvernement fédéral avait d’ailleurs lancé une table-ronde industrielle sur la question il y a une bonne année, sous la coupole du SCK-CEN, avec pour mission de créer une filière industrielle du démantèlement autour de sociétés belges.

D’où ces questions adressées à la Ministre de l’Emploi, Christie Morreale :

  • Avez-vous, depuis lors, été associée aux réflexions de la table-ronde industrielle et, le cas échéant, quelles mesures avez prises, dans vos compétences, pour contribuer à mettre en œuvre les solutions proposées ?
  • Quelles initiatives avez-vous prises, suite à l’accord intervenu avec Engie, pour mettre en place cette filière de démantèlement en Wallonie ?
  • Avez-vous pris des initiatives pour accompagner la mise en place d’une cellule de reconversion ou de nouvelles formations en démantèlement, en lien avec le FOREM et Technifutur ?
  • Quelles sont les dernières avancées dans le cadre des négociations syndicales liées à l’avenir des travailleurs ?

Réponse de la Ministre :

“Monsieur le Député, il y a quelque temps, sur proposition notamment de mon collègue, M. Collignon, à M. Borsus, ils ont proposé que le Gouvernement mette en œuvre une stratégie de reconversion à travers une delivery unit qui s’appelle Switch Tihange. Le FOREm y collabore. Switch Tihange est en contact régulier avec Engie, comme avec les opérateurs susceptibles de soutenir le développement de filières de formation, en particulier le FOREm et Technifutur.

Les décisions récentes confirment le besoin de préparer la reconversion. Par contre, elles amènent une nouvelle donne qui doit aussi être intégrée par Engie pour permettre de définir plus précisément les profils qui lui seront nécessaires et lesquels devront être réorientés. Les contacts étroits se poursuivent, que ce soit avec Switch ou avec Engie, avec le FOREm ou avec les opérateurs.

Si vous souhaitez des informations plus précises, je me permettrai de vous demander de voir avec mon collègue, M. Borsus, qui est à l’initiative de cette delivery unit dans le cadre de ses compétences.

Pour le moment, l’entreprise Engie n’a formellement annoncé aucune intention de procéder à un licenciement collectif. Si un licenciement collectif devait avoir lieu, la prise en charge du reclassement des travailleurs pourrait être assurée par une cellule de reconversion.

Dans ce cas, en fonction des besoins des travailleurs, des collaborations avec les opérateurs de formation, dont Technifutur, seraient mises en place, pour former vers les secteurs qui offrent des opportunités d’emploi.

Les syndicats rappellent qu’il est important de les laisser travailler en toute autonomie et sans interférence. Je respecte toujours cette demande légitime.

Ils rappellent aussi qu’indépendamment de l’accord Engie-État belge, un certain nombre d’étapes doivent encore être franchies, comme l’accord de l’Union européenne notamment.

Comme ministre de l’Emploi, je suis évidemment l’évolution avec la plus grande attention.”

Je me réjouis aussi de la mise en place de Switch Tihange, comme on l’a rebaptisé. On l’avait également appelé de nos vœux dès le début de la législature. Ils font un travail important.

Tout le monde était dans l’attente du choix qui allait être posé quant à l’avenir. Cela empêchait de se projeter clairement dans les dispositions à prendre pour préparer la suite.

Maintenant, on a la trajectoire qui est fixée et un chemin clair. J’entends les premiers éléments de réponse que me fournit la Ministre. J’interrogerai également son collègue, M. Borsus. C’est important de rappeler qu’Engie n’a pas annoncé le moindre licenciement. Les annonces par rapport à Tihange 2 sont rassurantes par rapport à cela.

Engie dit dans toutes les langues qu’il a besoin de gens qui maîtrisent l’outil pour procéder aux activités de démantèlement.

À nous de saisir cette opportunité. Le démantèlement, c’est en 2027, c’est demain ; nous allons donc pouvoir former ces travailleurs à ces activités. Pour cela, il faut utiliser tous les moyens dont on dispose : Technifutur en fait partie, le FOREm également.