Voici le texte de mon intervention lors de la séance plénière du Sénat le 10 février dernier. Intervention sur une proposition de résolution relative à la mise en place d’une autorité de contrôle des algorithmes.
On est toutes et tous confrontés à la transition numérique dans notre vie quotidienne, à un rythme de plus en plus fulgurant.
Le développement récent du logiciel d’intelligence artificielle ChatGPT démontre encore à quel point ces nouveautés numériques peuvent révolutionner la société du jour au lendemain, sans qu’on s’y attende ou qu’on y soit suffisamment préparés. Et si on ne s’arme pas correctement face à ces défis, les dangers sont réels.
Mais moi, je suis de ceux qui croient que la transition numérique, elle est inéluctable et qu’elle peut être porteuse d’avancées et d’opportunités gigantesques pour les citoyens et les entreprises. A une condition : elle doit se développer au bénéfice de toutes et tous, dans un environnement balisé qui protège les utilisateurs des dangers inhérents au monde du numérique.
Avec parmi ces dangers, les algorithmes, qui constituent un enjeu majeur. Leur omniprésence sur les médias sociaux, dans le secteur privé, mais aussi dans le secteur public, et leur capacité d’influence sur les individus, démontrent à eux seuls la pertinence de la résolution que nous votons aujourd’hui.
L’encadrement du secteur du numérique et la création, au niveau belge, d’une autorité de contrôle des algorithmes, qui analysera leur caractère éthique et légal et proposera le cas échéant des actions à mettre en place, est une revendication de longue date des écologistes.
Nous nous réjouissons donc de cette proposition de résolution qui a su s’inspirer utilement de l’exemple des Pays-Bas, qui ont mis en place une autorité de ce type.
Car on le sait, les dangers liés à l’utilisation des algorithmes sont nombreux.
Je pense évidemment à leur utilisation sur les réseaux sociaux, et comment ceux-ci deviennent des machines publicitaires extrêmement puissantes, qui ont pour objectif premier de nous catégoriser pour mieux nous cibler et nous vendre un tas de produits.
Mais aussi et surtout la façon dont ils contribuent à nous enfermer dans des bulles d’opinions identiques et à renforcer systématiquement nos opinions en alimentant nos croyances.
L’utilisation de ces algorithmes alimente donc très fortement ce danger de limiter notre vision du monde. Et c’est une question qui, à l’aube d’une nouvelle année électorale, me semble devoir être prise particulièrement au sérieux.
Par ailleurs, cette résolution arrive à point nommé puisque, comme le texte le souligne, des secteurs de plus en plus nombreux de la société ont recours aux algorithmes, dont les services publics désormais. Il est donc crucial de mettre en place cette autorité le plus rapidement possible compte-tenu de cette utilisation renforcée des algorithmes, en ce compris pas les pouvoirs publics.
C’est pourquoi il est aussi important de souligner l’appel de cette résolution à s’assurer que les pouvoirs publics ne favorisent pas les préjugés, la discrimination ou les stéréotypes via l’utilisation de leurs algorithmes. La lutte contre ces préjugés et ces discriminations est un enjeu sociétal majeur et il est donc crucial que cet enjeu soit aussi pris en compte dans la gestion de l’espace numérique.
Enfin, nous espérons que cette résolution ouvrira la porte à d’autres initiatives en matière d’encadrement de l’espace numérique. Les chantiers sont nombreux, notamment dans la lutte contre les cyberviolences et les deepfakes, pour un encadrement légal du recours à l’intelligence artificielle, pour l’éducation aux outils numériques comme le codage par exemple.
Cette résolution montre la voie à suivre en la matière. Espérons que ce ne soit qu’un début !