Durant la crise sanitaire, les enseignants ont été contraints de trouver des alternatives afin que les étudiants puissent continuer à suivre les cours. L’enseignement en ligne s’est donc généralisé comme solution.
Certains professeurs ont opté pour un enregistrement de leurs cours, disponible sur la plateforme « Youtube », plutôt que de les donner en direct sur d’autres plateformes.
Aujourd’hui, alors que le Covid est dernière nous et a permis un retour en présentiel dans les salles de cours, des étudiants m’ont néanmoins rapporté que certains professeurs ont décidé de ne plus enseigner en présentiel. Ils ne se présentent ainsi plus en auditoire et continuent de rediriger les étudiants vers les enregistrements disponibles sur la plateforme « Youtube », qui datent de la période Covid.
Outre le caractère non-actualisé de cet enseignement, il ne permet aucune interaction entre professeurs et étudiants, ces derniers se retrouvant sans réponses à leurs questions et sans soutien pour mieux comprendre les cours.
Plus interpellant encore : il semblerait que les vidéos de cours disponibles sur la plateforme sont parfois monétisées par le professeur, créateur du contenu, qui génère alors de l’argent grâce au nombre du visionnages.
D’où ces questions à la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny :
- Avez-vous connaissance de cette situation extrêmement interpelante ? Des professeurs peuvent-ils se contenter, pour seul enseignement, de renvoyer vers des vidéos enregistrées il y a plusieurs années sur YouTube ? La monétisation d’un cours universitaire enregistré sur une plateforme telle que « Youtube » est-elle permise ?
- Quelles sont les balises et règles applicables en la matière ?
- Un recours est-il ouvert aux étudiants ? Lequel, le cas échéant ?
Réponse de la Ministre :
“Si les établissements d’enseignement supérieur ont récemment fait un bond dans le domaine de la transition numérique et de l’hybridation des pratiques académiques en présentiel et à distance, accéléré dans le cadre de la pandémie de Covid-19, leurs professeurs sont à présent incités à dispenser leurs cours en présentiel, pour le confort de tous et en vue du maintien d’une relation pédagogique de qualité. L’outil numérique reste néanmoins encouragé lorsque l’enseignant considère qu’il peut apporter une valeur ajoutée. Ainsi, certains établissements disposent de leur propre plateforme interne de diffusion des vidéos et d’autres supports numériques de cours.
Après avoir consulté les commissaires et les délégués du gouvernement sur la question, il ne m’est revenu aucun témoignage confirmant une situation telle que vous la décrivez, Monsieur Demeuse, encore en moins en ce qui concerne une possible monétisation de vidéos de cours par le biais de plateformes externes. Toutefois, je reste évidemment attentive aux informations qui parviendraient à mon cabinet. Si l’existence de ce type de situations de monétisation – dont je condamne le principe – est confirmée, j’invite les étudiants concernés à prendre contact avec les autorités de leur établissement. Les représentants étudiants peuvent aussi faire remonter les situations problématiques dans les organes de gestion. Il est en effet essentiel que ce type de pratique n’augmente pas les frais auxquels sont confrontés les étudiants dans leur parcours académique. Je serai attentive aux informations qui pourraient m’être communiquées, par exemple par le biais des commissaires et des délégués du gouvernement.”
La mise à disposition de cours enregistrés constitue un outil précieux pour les étudiants, mais il ne doit pas dispenser les professeurs de donner leur cours en présentiel, de les actualiser et d’accompagner les étudiants, c’est-à-dire d’exercer leur métier. Il ne doit pas non plus permettre à des professeurs d’être rémunérés une seconde fois.