Beaucoup de gens l’ignorent, mais des milliers de Hutois dépendent chaque semaine des colis alimentaires distribués par les différentes associations actives sur le territoire de la Ville. Saint-Vincent de Paul, l’ASBL Nouveau Départ, la Croix Rouge, autant de bénévoles qui font un travail incroyable pour venir en aide aux plus précarisés. Mais qui tirent, aujourd’hui encore plus qu’hier, la sonnette d’alarme car, avec la crise du coronavirus, les besoins en colis alimentaires ont littéralement explosé !
Il y a deux semaines, nous étions à l’église protestante pour la distribution de colis où on nous disait qu’ils étaient passés entre 60 et 90 colis par semaine avant la crise, à près de 150 aujourd’hui. Et rendez-vous compte : dans notre petite ville de Huy, cette distribution est la deuxième plus importante de toute la province de Liège !
Alors évidemment, on doit tout faire pour que ces distributions ne soient plus nécessaires en travaillant sur les causes de la pauvreté. Mais on doit aussi tout mettre en œuvre pour venir en aide à ces associations et faciliter leur travail, notamment dans l’accès aux invendus alimentaires.
Car on sait que la situation ne va malheureusement pas s’améliorer rapidement et que les besoins vont encore s’aggraver. Et dans le même temps, la Belgique se trouve toujours dans le top 3 des pays de l’Union européenne qui gaspillent le plus de nourriture, avec 345 kg par personne chaque année.
De gros efforts ont été faits ces dernières années en matière de récolte des invendus alimentaires, notamment depuis que la Wallonie oblige les supermarchés, via leur permis d’environnement, à proposer les invendus alimentaires à au moins une association active dans le secteur.
Si beaucoup jouent le jeu, force est de reconnaître que dans la pratique, cette obligation est très peu vérifiée et pas toujours suivie. Et surtout, elle ne concerne que les commerces de plus de 2500m2. Ce sont d’ailleurs souvent les associations elles-mêmes qui doivent faire les démarches. Si bien qu’au final, seuls 13% des invendus alimentaires du secteur sont réellement donnés.
Il y a donc des choses qui peuvent être améliorées et la commune a un rôle à jouer, au-delà de ce qu’elle fait déjà et qu’il faut saluer. Notamment via la distribution hebdomadaire de colis pour les bénéficiaires du CPAS et via la présence du service prévention lors des distributions de terrain.
Mais on peut aller encore plus loin. C’est l’objet de la motion que nous déposons lors du Conseil communal de ce 19 avril, avec plusieurs volets très concrets (5).
(1)Tout d’abord, nous voulons rappeler le soutien total du conseil aux associations actives dans la distribution de vivres sur le territoire de la Ville de Huy, ainsi qu’au CPAS, en s’engageant à leur assurer les moyens de mener au mieux leurs missions.
(2)Et puis surtout, la motion charge le Collège communal de tout mettre en œuvre pour que les obligations de distribution d’invendus des magasins de plus de 2500 m2 soient effectivement respectées. Car ce n’est pas toujours le cas dans la pratique. Cela peut passer par la vérification très attentive du plan de gestion des invendus lors de l’octroi du permis d’environnement par le Collège et lors de l’étude d’incidences, mais aussi, une fois le permis octroyé, par des contrôles et surtout de la sensibilisation auprès des commerçants, via notamment des actions de communication sur le sujet. Ca c’est pour les commerces de plus de 2500m2.
(3) Mais l’enjeu est aussi de travailler avec les commerces plus petits pour lesquels il n’existe pas d’obligation wallonne de don des invendus. Et là, un règlement communal peut être adopté pour l’imposer pour les commerces de 1000 à 2500 m2, comme c’est le cas à Herstal par exemple. C’est ce que demande également la motion, dans un délai de 3 mois.
(4)Avec aussi la demande d’établissement d’une véritable stratégie sur le territoire hutois, en collaboration avec l’ensemble des acteurs concernés, pour à la fois faciliter la mise en relation entre les établissements et les associations et développer des projets et synergies (et aller au-delà des distributions alimentaires, avec des épiceries sociales, des repas solidaires, qui pourraient se développer).
(5)Et puis enfin, la motion propose de soutenir la création d’une plateforme logistique au niveau de l’arrondissement de Huy-Waremme, comme cela a été imaginé à la conférence des élus, pour faciliter l’acquisition de plus de denrées mieux réparties entre les organisations et faciliter leur travail au quotidien.