Risques d’espionnages dans les universités francophones

Dans son article du 8 février dernier, la Libre revenait sur le risque d’espionnage académique chinois au sein de nos universités. J’ai déjà abordé la question à plusieurs reprises avec la Ministre Glatigny et j’ai voulu refaire le point avec la Ministre Bertieaux sur les avancées qui ont été réalisées sur le sujet.

Dans nos précédents échanges, Madame Glatigny avait évoqué des liens renforcés entre l’ARES et la Sûreté de l’Etat à la demande des établissements. Elle pointait la nécessaire compréhension de ces enjeux, ainsi que le renforcement de la communication entre la Sûreté de l’État et les acteurs académiques et scientifiques, qui étaient deux dimensions essentielles sur lesquelles l’ARES et les établissements souhaitaient avancer le plus rapidement possible.

Presque 2 ans après nos derniers échanges, ou en sommes-nous ?

Au sein de l’ARES, un groupe a été constitué pour traiter de cette question et a soutenu deux propositions.

Premièrement, soutenir le renforcement de la cybersécurité au sein des établissements et deuxièmement la mise en place d’un bureau consultatif au niveau fédéral qui pourrait agréger les informations issues des différents ministères pour éclairer les universités sur les risques de certaines collaborations. L’article de la Libre nous apprend à cet égard que la difficulté des établissements ne réside pas tant dans l’arrivée des étudiants, chercheurs ou académiques via la vérification préalables des visas, mais plutôt dans le discernement relatif à certaines collaborations ou partenariats.

Or, on constate que les établissements s’organisent chacun à leur manière pour anticiper et parer à ces risques.

D’où ces questions à la Ministre francophone de l’Enseignement supérieur, Françoise Bertieaux :

  • Quelle analyse portez-vous sur les risques grandissants d’espionnage académique par la Chine en Belgique ?
  • Où en est la mise en place de ce bureau consultatif qui doit servir de guichet unique pouvant aiguiller les établissements dans leurs choix de partenariat ?
  • Avez-vous eu des échanges avec le CREF sur le sujet ?
  • D’autres mesures préventives sont-elles prévues ?

Réponse de la Ministre :

“Cette thématique est liée au travail de la Sûreté de l’État et relève des compétences du Gouvernement fédéral. Il ne me revient donc pas d’engager des discussions avec mes homologues sur ce sujet.

Le conseil informel sur la mobilité étudiante qui s’est tenu les 29 février et 1er mars n’avait pas pour objectif d’avancer sur des sujets sécuritaires. Les questions de mobilité, surtout liées à des situations politiques, ont été évoquées par les pays limitrophes de l’Ukraine et de la Biélorussie.

Néanmoins, il est vrai que l’ARES joue un rôle proactif pour soutenir l’internationalisation de nos établissements d’enseignement supérieur. En 2020, elle a pris contact avec la Sûreté de l’État, mais celle-ci souhaite privilégier les rapports bilatéraux et individuels avec les établissements et propose des séances de sensibilisation au sein même des universités.

Depuis 2022, l’ARES facilite également des échanges réguliers par le biais d’un groupe de travail réunissant les responsables de la question de la sécurité de la connaissance au sein de tous les types d’établissements afin de partager les bonnes pratiques développées par chacun dans le domaine de la gestion des risques. Elle tente de dégager une position commune sur toute question qui touche à la sécurité des connaissances, sans pour autant viser un pays ou une région en particulier. Plus récemment, ce groupe de travail a aussi pris l’initiative de rencontrer le ministère de l’Enseignement supérieur et des universités néerlandaises en vue d’un échange d’informations et d’expériences dans ce domaine.

Des discussions concernant la création d’un guichet unique d’information pour la sécurité des connaissances en Belgique sont en cours au sein de la Conférence interministérielle de la politique scientifique (CIMPS). Je vous confirme qu’aucun consensus n’a encore été trouvé sur le sujet. J’espère que ce dossier aboutira positivement afin de répondre au mieux aux attentes des différents acteurs. Nous continuerons d’œuvrer en ce sens en vue d’un dénouement – je l’espère – très prochain.”