D’ici 2021, l’Union européenne imposera un développement minimal annuel des réseaux de chaleur. En Wallonie, où en sommes-nous ? J’ai interrogé le Ministre wallon de l’Énergie, Philippe Henry, à ce sujet. Un sujet brûlant, sans mauvais jeu de mots, et porteur afin d’atteindre nos objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Et pas seulement.
On assiste aujourd’hui en Wallonie à l’émergence de nouveaux quartiers résidentiels qui recourent aux réseaux de chaleur comme source de chauffage pour les habitations.
Cette initiative répond à deux défis majeurs de notre société :
- Premièrement, la réduction de l’impact des émissions de gaz à effet de serre des logements wallons. Selon le SPF Economie, près de 85% des ménages fonctionnent en effet encore à l’énergie fossile. Or, les réseaux de chaleur peuvent être alimentés avec des énergies vertes (géothermie, solaire…), de la cogénération ou encore de la récupération de la chaleur produite par des entreprises, par exemple.
- Deuxièmement, la maîtrise de la facture de chauffage grâce à la mutualisation des coûts de l’énergie.
C’est donc un réel outil à développer dans le cadre de la transition vers le –55% de CO2 que la Région s’est fixée pour 2030. La Wallonie compterait aujourd’hui une centaine de réseaux de chaleur sur son territoire.
Tandis que l’Union européenne imposera un développement minimal annuel des réseaux de chaleur d’ici 2021, l’essor de cette technologie dans notre Région connaît manifestement quelques obstacles. Ainsi, ses défenseurs estiment que plusieurs barrières devraient être levées pour la développer en Wallonie.
À l’heure actuelle, il n’existe notamment pas de cadastre précis des zones où ces réseaux de chaleur peuvent être réalisés de façon efficace. Par ailleurs, les réseaux de chaleur sont pour l’instant très mal notés par la législation PEB (Performance énergétique des bâtiments) et ce, alors que leurs performances énergétiques ne cessent de s’accroître sur le plan technique. Les pertes de chaleur dans les canalisations sont ainsi devenues à l’heure actuelle très négligeables, avec à peine 1 degré/km de perte de chaleur. Enfin, il y aurait par ailleurs une certaine réticence, voire un désintérêt, des gestionnaires de réseau.
Après avoir interrogé le Ministre wallon de l’Énergie, Philippe Henry, sur ces différents obstacles, celui-ci m’a entre autres indiqué qu’une réflexion sur l’intégration dans la législation PEB était en cours. Il m’a également informé que son administration travaille à la réalisation d’un cadastre des zones où ces réseaux de chaleurs pourraient être mis en place. Il s’engage encore à veiller à une meilleure sensibilisation des actrices et acteurs concerné.es.
Tout cela me paraît essentiel tant le travail sur la chaleur est l’un des éléments avec la marge de progression la plus importante dans les années à venir pour atteindre les objectifs de réduction de CO2.
Vu l’état du bâti existant, les besoins en chaleur restent inévitablement importants. C’est pourquoi les réseaux de chaleur peuvent devenir un véritable levier pour passer au renouvelable de façon significative dans ce secteur.
De quoi permettre, enfin, des approches par quartier et d’associer les communes afin qu’à chaque réflexion autour d’un nouvel impétrant, nous puissions réfléchir à cette notion.