Avis négatif de la Région wallonne à l’ONDRAF : étudier de vraies alternatives

À l’instar de nombreux autres acteurs concernés, la Région wallonne a remis un avis négatif au plan de gestion des déchets hautement radioactifs de l’ONDRAF. Avec la volonté, affichée par la Région, d’étudier des alternatives de stockage intermédiaire, plus rapides et plus sûres.

En plein confinement, le 15 avril dernier, l’organisme public fédéral belge chargé de gérer les déchets radioactifs en Belgique (ONDRAF) a lancé une consultation publique extrêmement importante et sensible concernant le choix de la destination finale pour les déchets nucléaires de haute activité et/ou de longue durée de vie en Belgique.

L’unique solution technique proposée par l’ONDRAF pour la gestion à long terme de ces déchets est le système de stockage géologique profond.

Cette consultation se terminait déjà ce 13 juin, et ce malgré l’importante mobilisation des communes et les tentatives au Parlement fédéral pour en obtenir le report. De nombreuses critiques se sont d’ailleurs élevées à l’égard de cette consultation, tant en ce qui concerne le timing et l’absence de débat public sur le sujet, qu’en ce qui concerne le type de solution envisagée et l’absence d’étude des alternatives possibles.

Plusieurs pays voisins se sont aussi insurgés de ne pas avoir été consultés, comme le Luxembourg et l’Allemagne.

Ce samedi 13 juin, la Ministre wallonne de l’Environnement, Céline Tellier, annonçait que le Gouvernement wallon, comme le gouvernement bruxellois, avait remis un avis négatif sur l’enfouissement des déchets radioactifs, tel que proposé par l’ONDRAF, en soulignant les carences importantes du dossier.

Parmi celles-ci, l’absence d’étude relative aux alternatives à l’enfouissement irréversible, les nombreuses questions restées en suspens, telles que la profondeur d’enfouissement, la nature du sous-sol choisi, les conditions d’emballage des déchets. La Ministre Tellier pointait également l’absence d’analyse des incidences du projet sur la qualité des eaux, de l’air, ou encore de la biodiversité.

Cette décision est particulièrement salutaire et envoie un message clair au Fédéral et à l’ONDRAF : on ne peut pas faire n’importe quoi avec les déchets nucléaires en nous demandant de nous prononcer sur un dossier lacunaire…

Ce mardi 16 juin, nous étions plusieurs à demander à la Ministre de développer les raisons de l’avis négatif rendu par la Région. Dans sa réponse, elle indique entre autres :

  • Des documents trop conceptuels ;
  • Une solution sans retour d’expérience ;
  • Absence de respect par rapport à l’aménagement du territoire wallon ;
  • Incomplet par rapport aux prescriptions du droit wallon ;
  • Des documents qui ne définissent pas de site précis et qui contiennent des résultats incomplets et/ou erronés ;
  • Aucune garantie de participation des communes et des entités fédérées au processus décisionnel.

Ce dernier point me paraît essentiel. Je me réjouis dès lors que le gouvernement wallon ait demandé à l’ONDRAF que son projet de plan soit retravaillé en concertation étroite et systématique avec les organismes et les entités concernés.

Par ailleurs, et alors que ça fait 40 ans que l’on tente de trouver une solution pour les déchets, il est clair qu’on ne peut pas en quelques semaines, en plein confinement, tenter d’imposer une option dont on ne connaît rien en termes d’impact, et ce en l’absence de tout débat public.

Je trouve donc très salutaire d’avoir demandé à l’ONDRAF d’étudier les alternatives, notamment celles d’un stockage intermédiaire permettant de récupérer les déchets en cas d’évolution des technologies.

À l’époque de la construction des centrales nucléaires à Huy, on avait dit deux choses à mes parents : on trouvera une solution pour les déchets et vous paierez votre électricité moins chère. On n’a jamais eu ni l’un, ni l’autre… Pire : les déchets sont pour l’instant stockés sur place, dans des piscines qui fuitent.

On ne peut donc, comme le propose l’ONDRAF, se contenter d’une solution qui sera prête dans plus d’une centaine d’années, et en attendant faire de Tihange un désert radioactif.

Raison de plus, s’il en fallait une, pour étudier des alternatives de stockage intermédiaire, plus rapides et plus sûres.