Pénurie, manque de valorisation et d’encadrement… Il est urgent de repenser la formation en soins infirmiers !

Avec la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, nous avons déjà eu l’occasion d’échanger à plusieurs reprises sur les pistes à suivre pour revaloriser le métier mais aussi la formation en soins infirmiers.

L’une des doléances du secteur des arts infirmiers dans le cadre de la formation en soins infirmiers concerne l’existence de deux filières de formation qui coexistent à l’heure actuelle, chacune donnant accès à un titre et un salaire spécifique, mais toutes deux menant à un seul et même exercice professionnel. Les jeunes diplômés sont formés différemment, acquièrent des compétences différentes, mais on leur demande le même travail, pour une rémunération différenciée. Cette situation devait être temporaire, mais elle dure depuis plus d’un demi-siècle.

La majeure partie du secteur regrette que ces différentes filières de formation soient toujours bien présentes. L’UGIB (Union Générale des Infirmiers de Belgique), par exemple, qui rassemble 46 organisations professionnelles issues des trois régions et communautés et représente les 140 000 professionnels actifs dans le pays, a plusieurs fois fait part de sa demande d’introduire :

  • un seul titre pour la formation d’infirmier bachelier répondant aux exigences européennes (niveau 6 CEC);
  • et un titre unique en tant qu’intermédiaire qualifié répondant aux critères européens d’un brevet supérieur de formation professionnelle (niveau 5 CEC).

En d’autres termes, l’UGIB propose que la formation d’infirmier ne soit dispensée que dans une seule filière, celle du baccalauréat. Elle propose également que les personnes désirant s’orienter vers une formation en soins de santé plus courte puissent obtenir un diplôme, un titre, une fonction et un salaire qui leur seraient propre et distinct de celui d’infirmier, au sein d’une seconde filière bien spécifique, avec des missions et des tâches bien définies qui soulageraient, sans faire concurrence, les infirmiers et infirmières sur le terrain.

De cette manière, la confusion actuelle serait dissipée, et aucun engagement ne serait découragé.

Si ce dossier relève de la compétence du niveau fédéral en ce qui concerne les critères d’homologation des infirmiers, la formation, les titres, et l’attribution de l’homologation relèvent de la compétence de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

D’où ces questions adressées à la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny :

  • Quelle est votre vision de ce dossier, Madame la Ministre ? Une réforme en ce sens est-elle sur la table ? Des contacts ont-ils été pris avec vos collègues des autres niveaux de pouvoir, notamment au fédéral ?
  • Quelles sont les pistes de solutions actuellement sur la table pour garantir à la fois une réelle équité entre tous les praticiens de l’art infirmier tout en évitant le risque de pénurie ? Les conséquences sur le volume de l’emploi sont-elles étudiées ? La pénurie dans ce secteur est importante. Aujourd’hui, le métier d’infirmier est même le plus recherché dans le sud du pays, nous disait le Vif le mois passé. Certains redoutent donc qu’un changement de la formation décourage encore les jeunes à s’engager dans cette voie. Il faut en tenir compte. Dans quelle mesure les éventuels projets de réforme de la formation prennent-ils cette donnée en considération ?

Dans sa réponse, la Ministre rappelle que « la question de la formation en soins infirmiers peut difficilement être examinée sans tenir compte des compétences fédérales en matière de reconnaissance de la profession. À cet égard, dans le cadre de la préparation de la conférence interministérielle (CIM) Santé, un groupe de travail relatif aux professions de santé a été instauré par le ministre Vandenbroucke. On sait en effet que l’attractivité des professions de santé est un point essentiel, en particulier pour les infirmiers. Mon cabinet participe à ce groupe de travail. »

De mon côté, je suis conscient qu’il s’agit d’un dossier particulièrement difficile. Toutefois, il est urgent de prendre le taureau par les cornes étant donné la baisse dramatique du nombre d’inscriptions ces cinq dernières années.

La piste d’une réforme de la formation – et notamment du brevet – doit être étudiée pour voir quelles options et garanties permettront de répondre à la pénurie d’emploi d’une part, de proposer une revalorisation salariale et professionnelle ainsi qu’un encadrement sur le terrain d’autre part. Cette équation n’est certes pas facile à résoudre, mais nous devons la résoudre le plus rapidement possible.

J’attends donc avec impatience les résultats du groupe de travail.