Étape importante pour lutter contre la pénurie de médecins et objectiver les besoins du terrain

Avec l’adoption au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles de la commission de planification communautaire de l’offre médicale, c’est une étape importante que nous franchissons. J’ai défendu pourquoi en séance plénière du Parlement :

C’est un des engagements forts de la Déclaration de politique communautaire (DPC) qui se concrétise.

Avec enfin un mécanisme pour mieux appréhender la situation et se donner les moyens de faire face à la pénurie de médecins, tant généralistes que dans toute une série de spécialités. Pénurie qui préexistait et que la crise a révélée au grand jour.

Et s’il y a quinze jours, je me réjouissais déjà de la mise en place de cette commission, c’est encore plus vrai aujourd’hui, après les informations parues dans la presse selon lesquelles certains, notamment au nord du pays, tenteraient à nouveau de nous imposer de restreindre encore l’accès à la profession… Et ce en dehors de toute rationalité !

Je dois bien vous avouer que ça me choque réellement ! Alors que la pénurie est plus forte que jamais !

En pleine pandémie, alors que le personnel médical est épuisé et le crie dans certains cas depuis des années. 

Alors qu’ils étaient encore nombreux ce week-end à le manifester, cette demande de réduire encore le nombre de médecins est tout simplement insupportable !

Et le plus insupportable, c’est que certains veulent à nouveau en faire un enjeu communautaire dépourvu du moindre fondement rationnel, alors que l’enjeu réel, ça doit être celui de la santé publique.

Il y a une pénurie de médecin dans la moitié des communes du sud du pays ! Il y a des zones, comme celle d’où je viens, où plusieurs communes n’ont pas un seul médecin généraliste et où la moitié des médecins dans les autres communes ont plus de 55 ans !

C’est le droit à la santé d’une partie de la population qu’on nie quand on limite à ce point la disponibilité des soins, quand l’on prend sciemment des politiques qui en limitent l’accessibilité.

Ce qui doit nous préoccuper aujourd’hui, comme élus et élues de tous les partis, ce sont donc les besoins de la population et pas les questions communautaires !

On ne peut tout simplement pas accepter ce chantage, et je vous partage ici un appel à faire face, ensemble, à ces volontés ! Pas contre une communauté, certainement pas, mais bien contre ceux qui tentent d’attiser un débat communautaire même au prix de la santé des citoyens.

Face à cela, nous devons aussi rester maîtres de notre sort et travailler avec nos armes.

Et c’est ce vers quoi tend justement cette commission que nous mettons en place aujourd’hui.

Car on peut faire le débat pendant des heures sur le système des quotas, qui est une ineptie et qui doit être revu, il doit être mené au fédéral, où des engagements sont pris pour remettre le système à plat. Et j’espère qu’ils seront tenus.

Mais nous en Fédération Wallonie-Bruxelles, on peut travailler sur un double enjeu :

  1. À défaut de pouvoir modifier directement le nombre total de numéros inami octroyés, c’est l’orientation des diplômés vers les disciplines où les pénuries sont les plus importantes. Avec un enjeu particulier sur lequel je veux vraiment insister, c’est celui de la dimension territoriale qui sera réellement intégrée dans les critères d’analyse de la commission. Une avancée de plus et dont je me réjouis. On sait en effet que la situation n’est pas identique dans toutes les régions et que les réponses à apporter ne sont pas les mêmes partout. Cette analyse spécifique va permettre de développer une stratégie par sous-régions pour y attirer les spécialisations manquantes. C’est une excellente nouvelle !
  2. On va enfin pouvoir partir des besoins réels du terrain grâce une réelle objectivation des besoins dans chacune des disciplines et dans chacune des régions. De quoi pouvoir agir comme effet levier auprès du fédéral, pour ne pas juste se contenter de l’enveloppe attribuée par le fédéral, mais pour être capable de dire clairement les choses dans l’hypothèse où les besoins identifiés démontreraient – et je suis certain que ce sera le cas – que les quotas fédéraux sont trop faibles.

Et là, je dois bien dire que je suis très satisfait d’avoir entendu Madame la Ministre en commission confirmer que c’était bien l’objectif de cette commission !

Car oui, les besoins sur le terrain sont plus grands que jamais, et la situation ne va faire que s’aggraver dans les prochaines années ! Les signaux qui nous parviennent sont inquiétants.

D’autant qu’il y a un décalage potentiel entre le constat d’une pénurie forte et la première promotion de personnes complètement formées. Il y a donc urgence.

Alors cette commission doit réellement servir d’outil pour apporter cette réponse enfin objective à ceux qui tentent depuis trop longtemps, de façon infondée et irrationnelle, de nous imposer notre façon d’agir, en dépit de la réalité, du bon sens et de la santé publique !