L’adoption le 30 juin dernier d’une résolution interparlementaire visant à lutter contre la précarité étudiante et à améliorer les conditions de vie des étudiant.e.s était une étape importante et historique, non seulement parce que les mesures que contient cette résolution sont ambitieuses, mais aussi parce qu’elle est, pour la première fois, transversale à plusieurs parlements et soutenue par l’ensemble des partis. Cette feuille de route vise principalement l’accessibilité de l’enseignement pour tous par la réduction des coûts des études.
Les leviers d’actions sont évidemment nombreux et les demandes ambitieuses, en termes notamment de réduction et de gel du minerval, d’augmentation des allocations d’étude, de coordination des acteurs, de suppression des frais complémentaires, d’encadrement des frais de stages, d’offre de restauration ou de soutien psychologique… Et j’en passe.
Mais un élément très concret sur lequel j’aimerais insister en ce début d’année et sur lequel la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, et son administration pourraient influer et travailler directement concerne le coût des supports de cours et les points spécifiques se référant à cette problématique dans la résolution adoptée.
Nous le savons, les étudiants, qu’ils soient dans l’enseignement supérieur artistique ou en droit, en médecine ou en architecture, boursiers ou de conditions modestes, ne sont pas égaux face au coût parfois exorbitant des supports de cours ; et les établissements d’enseignement supérieur disposent de peu, voire pas, d’encadrement à ce sujet. Finalement, la dénomination « supports de cours » est bien vague et ce qu’elle désigne est laissé à la libre interprétation des établissements. Il s’agirait de définir spécifiquement le terme, d’en étendre la gratuité à un beaucoup plus grand nombre d’étudiants, d’en assurer l’accessibilité et d’être beaucoup plus stricte envers les établissements qui ne joueraient pas le jeu. Il est important que le coût des supports de cours n’entrave pas le libre choix des étudiants à aller vers l’une ou l’autre filière.
D’où ces questions adressées à la Ministre Glatigny :
- Madame la Ministre, vous êtes-vous saisie des points se rapportant à votre compétence de l’enseignement supérieur au sein de la résolution interparlementaire de juin dernier ? Avez-vous déjà mis en place un plan de travail et une stratégie afin d’y répondre ? Quel calendrier vous fixez-vous ?
- Qu’en est-il en particulier de la problématique des supports de cours et de la mise en œuvre des recommandations, mais aussi de la DPC, en la matière ?
Dans sa réponse, la Ministre indique notamment que “ces propositions doivent être appréhendées en tenant compte de leur impact budgétaire, lequel doit pouvoir être pris en charge par la Fédération Wallonie-Bruxelles en complément du refinancement structurel de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique que le gouvernement s’est engagé à mettre en œuvre. (…) Quant à la définition de support de cours, le décret «Paysage» renvoie la responsabilité aux établissements. (…) La résolution vise à sortir de cette logique de détermination par les institutions de ce qui est un support de cours indispensable. Cette définition doit être mise en relation avec la DPC qui prévoit également une réflexion en vue de mettre à disposition, pour chaque cours, un support de cours contenant le cours lisible et compréhensible. Nous allons mener une réflexion sur ces questions avec l’appui des commissaires et délégués du gouvernement et de l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES). Certains établissements ont également travaillé sur une définition des supports de cours et il sera important de prendre en compte ces différents travaux dans la perspective d’une définition qui s’appliquerait à l’ensemble des types de cursus.”
Pour moi, il est fondamental que ces recommandations ne restent pas au stade d’ambition, mais qu’elles soient concrétisées. Par exemple, la recommandation portant sur les supports de cours est une des mesures peu coûteuse. Or, elle a un effet réel dans le quotidien des étudiant.e.s. Le coût de ces supports est un réel frein pour de nombreux étudiants. Les directives ne sont pas toujours suivies par les établissements supérieurs. Certains établissements imposent un livre aux étudiant.e.s au lieu d’un syllabus et le coût n’est évidemment pas le même. L’achat des livres représente parfois des centaines d’euros au mois de septembre. Il faut donc faire évoluer ces situations. C’est parfois encore pire dans des filières d’art ou d’architecture. La définition de ces supports de cours est donc fondamentale et l’accès à ces supports nécessite une réflexion. J’entends bien que ces réflexions sont en cours.
De manière plus générale, rendez-vous est pris dans le cadre du conclave budgétaire pour lutter contre la précarité étudiante. Nous en reparlons donc plus tard dans ce cadre !