Impossible de ne pas revenir sur cette scandaleuse affaire : le 18 septembre dernier, un étudiant originaire de la République Démocratique du Congo, régulièrement inscrit à l’UCLouvain, a été arrêté aux frontières par la police de l’aéroport de Zaventem et enfermé en attente de son expulsion.
Heureusement, grâce à la mobilisation de très nombreux acteurs de la société civile, de collectifs, de comités de soutien, de son université, des recteurs, des syndicats, des associations étudiantes, du gouvernement congolais, il a pu être libéré après 17 jours passés en centre fermé.
Mais quel traumatisme pour cet étudiant et quelle image terrible pour la Belgique et notre enseignement supérieur. C’est insupportable de voir qu’un étudiant qui a rempli toutes les règles de visa et d’inscription dans un établissement peut ainsi se voir arrêter à son arrivée sur le territoire belge.
Cet étudiant a donc été enfermé 17 jours pour rien !
Il avait en effet respecté toutes les voies légales et les démarches administratives demandées par la loi belge pour avoir accès à notre territoire et y poursuivre des études (passeport et visa étudiant en règle, titre de séjour valable). L’université avait également immédiatement fourni les documents nécessaires à l’office des étrangers. Sans réaction !
Si les policiers ont le droit de contrôler les arrivées aux frontières, le contenu, l’étendue ainsi que le caractère disproportionné des contrôles menés à l’encontre de cet étudiant étaient inadmissibles.
Obtenir un visa étudiant nécessite souvent des mois de démarches administratives contrôlées avec exactitude par les autorités administratives. Ces démarches coûtent des centaines d’euros aux demandeurs, un montant très élevé pour certaines familles.
Ce qui nous interpelle particulièrement dans le cas de cet étudiant, c’est la remise en cause de valeurs qui sont essentielles à la Fédération Wallonie-Bruxelles : l’accès à l’enseignement pour toutes et tous, la mobilité internationale, la circulation des étudiants et leur épanouissement dans la poursuite sereine de leurs études. Pire, le cas de cet étudiant venu de RDC ne serait pas isolé selon les témoignages des organisations de la société civile et cela nous préoccupe au plus haut point.
D’où ces questions adressées à la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny :
- Comment avez-vous défendu le cas de ce jeune étudiant auprès de vos collègues et des différentes instances ? Que fait le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles afin d’assurer la défense de ses étudiants, y compris des étudiants qu’elle accueille de l’étranger ? Comment protégez-vous les étudiants et assurez-vous leur circulation quelle que soit leur origine ?
- Comment ont fonctionné, ou plutôt dysfonctionné les relations entre l’office des étranger et l’UCLouvain ? Pourquoi l’Office n’a-t-il pas tenu compte des informations fournies, notamment par rapport au paiement du minerval ?
- Plaidez-vous pour une révision des procédures afin d’assurer que ce type de situation ne se reproduise plus et comment vous portez-vous garante, au nom du gouvernement, d’un accès large et sûr à notre enseignement supérieur ? Il faut à tout prix empêcher que d’autres étudiants se retrouvent dans la même situation à l’avenir.
Dans sa réponse, la Ministre indique notamment que “la situation que nous venons de connaître illustre la nécessité d’intensifier les échanges entre les parties prenantes pour garantir un accueil digne de nos étudiants étrangers et l’attractivité à l’international des études supérieures de la Fédération Wallonie-Bruxelles. En ce sens, je rencontrerai le secrétaire d’État Sammy Mahdi dans les tout prochains jours, en vue d’un échange concernant, notamment, cette problématique, et afin d’envisager, le cas échéant, des actions qui amélioreraient la bonne articulation de nos politiques respectives d’asile et migration, d’une part, et d’enseignement supérieur, d’autre part, en particulier sur le plan de l’internationalisation de l’enseignement supérieur et de l’octroi des visas pour les étudiants étrangers.”
La Ministre confirme encore que tout était bel et bien en ordre et que l’ensemble de ces confirmations avaient été fournies par l’UCL. Mais fallait-il 17 jours pour vérifier cela ? Je ne pense pas. En outre, ces informations étaient connues et ont été communiquées dès le lendemain. Junior Masudi Wasso a donc eu droit à 17 jours d’enfermement sans raison sérieuse. C’est un véritable scandale ! C’est juste inhumain !
Dès lors, il faut évidemment faire la lumière sur les dysfonctionnements qui ont pu intervenir dans cette situation liée au cas particulier de Junior Masudi Wasso.
Mais nous ne sommes pas là juste face à des dysfonctionnements ! Nous sommes aussi face à un problème systémique. Nous devons changer les règles et faire en sorte que cela ne se reproduise plus, aussi pour tous les autres étudiants concernés par cette situation.
La Ministre dit ne pas disposer pas de chiffres, ce qui est déjà un problème en soi. En effet, nous devons savoir le nombre d’étudiants concernés par cette situation.
C’est un bonne chose qu’une rencontre soit prévue avec le secrétaire d’État Mahdi. Je compte sur la Ministre pour plaider dans le sens d’une réforme des règles pour éviter que des situations de ce type se reproduisent.