Lors de la séance plénière du 23 février dernier, j’ai interpellé la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, dans le cadre du débat d’actualité portant sur le sexisme, le harcèlement et les agressions sexuelles dans l’enseignement supérieur. Retrouvez la vidéo et le texte de mon intervention ci-dessous :
Madame la Ministre,
Depuis le début de cette législature, il ne se passe pas 1 mois sans que des faits de harcèlement ne soient dénoncés dans notre enseignement supérieur. Vous le savez, les écologistes sont très engagés dans la lutte contre ce fléau, comme de nombreux collègues ici d’ailleurs. Le phénomène vient cette fois de prendre une toute autre dimension.
D’abord en Flandre, après la révélation des faits gravissimes qui ont secoué plusieurs universités ces dernières semaines.
Et désormais aussi au sein de notre Fédération.
Il y a une dizaine de jours, c’est un collectif de membres du personnel académique, scientifique, administratif et technique, et d’étudiants, qui s’exprimait dans une carte blanche particulièrement interpellante, en nous rappelant à quel point le harcèlement sexuel est une violence systémique que subissent toutes les personnes fréquentant nos campus : étudiants, assistants, doctorants. Cela concerne tant nos écoles d’art, nos universités, nos écoles de promotion sociale et nos hautes écoles en Fédération Wallonie-Bruxelles.
La semaine dernière, c’était au tour du climatologue Jean-Pascal Van Ypersele de dénoncer des comportements déviants au sein du monde académique, et surtout l’inertie de son université à ce sujet, voire la protection dont auraient parfois bénéficié certains auteurs présumés.
Pour la première fois, ce ne sont plus juste des victimes qui s’expriment, mais aussi des académiques témoins de ces faits inacceptables. Les mentalités changent, la parole se libère. Et toutes et tous appellent à des réponses urgentes.
Ils et elles dénoncent une problématique que le groupe Ecolo, comme l’ensemble des groupes de cette assemblée, a déjà évoquée et condamnée de nombreuses fois.
Un établissement, quel qu’il soit, ne peut pas fermer les yeux devant de nombreux cas de comportements sexuellement inadaptés, de violences, et d’abus de pouvoir. De tels délais et autant d’expériences traumatisantes, comme on a pu les lire, sont tout simplement inadmissibles.
Des solutions rapides sont indispensables !
Vous avez pris, Madame la Ministre, des premières mesures importantes via une circulaire adressée aux établissements en début d’année académique et en débloquant un budget relativement conséquent permettant enfin de mener une étude sur le phénomène et ses diverses composantes en Fédération Wallonie-Bruxelles. Il est en effet primordial d’objectiver et de chiffrer l’ampleur du phénomène. Ceci permettra des actions ciblées complémentaires, des politiques de fond qui adressent le harcèlement à la racine.
Le 13 octobre dernier, nous avons aussi adopté à la quasi unanimité une résolution particulièrement ambitieuse visant à prévenir et lutter contre le harcèlement des étudiantes et des étudiants dans les établissements d’enseignement supérieur.
Cette résolution prévoit de nombreuses mesures, autour de 4 axes : la réalisation d’une étude scientifique mesurant le phénomène, je viens d’en parler, les mesures d’information et de sensibilisation de l’ensemble des acteurs, la facilitation du dépôt des signalements dans chaque établissement et en dehors, ainsi que l’adoption d’un cadre légal spécifique à l’enseignement supérieur pour mieux protéger les victimes.
Cette résolution est une feuille de route importante, un plan d’action clair auquel nous devons revenir encore et encore afin d’orienter nos actions en matière de harcèlement en enseignement supérieur.
Madame la Ministre, pourriez-vous faire le point pour nous sur l’état d’avancement de la mise en œuvre de ce plan d’actions adopté à la quasi-unanimité de notre Parlement ?
Où en est le travail de l’ARES dans la mise en œuvre des obligations prévues par la résolution, en termes d’informations relatives aux dispositifs de suivi et d’accompagnement, de récolte et d’analyse des données de signalement, de mise en commun des bonnes pratiques et de partenariat ? Ce rapport vous a-t-il déjà été présenté ?
Concernant le travail de facilitation du dépôt des signalements. Pouvez-vous nous dire quel est l’état d’avancement concernant la mise en place dans chaque établissement d’un dispositif de signalement ? Quels sont les contacts pris en ce sens ?
Et qu’en est-il de la prise de mesures nécessaires pour qu’un accompagnement indépendant soit également garanti en dehors des établissements, comme le recommande également la résolution et comme le demandent les acteurs ?
+ L’interpellation de Margaux De Ré, la réponse de la Ministre et notre réplique :