Le secteur des énergies renouvelables tire régulièrement la sonnette d’alarme quant à l’urgence d’accélérer le rythme du développement de l’éolien en Wallonie si l’on veut atteindre les objectifs fixés par le Gouvernement précédent dans le PWEC 2030, objectifs qui devront encore être revus à la hausse pour atteindre l’objectif de moins 55 %.
Or nous n’en sommes aujourd’hui qu’à la moitié. Il est encore possible d’y parvenir, mais il faut accélérer la cadence et débloquer une série d’obstacles au développement de la filière. C’est tout l’enjeu du travail de révision de la « pax eolienica » actuellement entamé et qui doit aboutir pour le mois de juin.
En attendant, j’ai été particulièrement interpellé par un article de L’Écho qui exposait récemment le risque réel face auquel se retrouvent aujourd’hui les développeurs : celui d’une pénurie de mâts en raison de l’impossibilité d’encore respecter les normes de distance à l’habitat avec les nouveaux modèles d’éoliennes.
Les fabricants ne produisent en effet aujourd’hui plus que des éoliennes de 180 à 200 mètres de haut. Or, avec la norme de distance du cadre de référence de 4 fois la hauteur d’un mât, de telles éoliennes sont désormais pratiquement impossibles à installer en Wallonie.
Les anciennes éoliennes de 150 mètres disparaissant du marché, leur coût explose et elles deviennent de plus en plus rares. Les développeurs plaident donc pour la fixation d’une norme de distance fixe de 600 mètres, tout en maintenant évidemment les normes de bruit.
D’où ces questions adressées au Ministre de l’Aménagement du territoire, Willy Borsus :
- Quelles initiatives Monsieur le Ministre prend-il pour éviter que l’installation de nouvelles éoliennes devienne impossible techniquement ou trop onéreux ?
- A-t-il analysé l’impact de la norme de distance fixée par le cadre de référence sur le développement des nouvelles technologies éoliennes, et notamment sur le remplacement des anciens modèles ?
- Une révision de la norme de distance à l’habitat en norme de distance fixe est-elle à l’étude ?
Réponse du Ministre
“Le gabarit des éoliennes est en constante évolution et des éoliennes de 180 mètres voire 200 mètres sont déjà installées ou autorisées sur le territoire wallon.
Il faut cependant préciser que c’est principalement les diamètres des rotors qui augmentent et qui logiquement augmentent la puissance de la machine et de facto son potentiel de production. Les constructeurs qui conçoivent ces rotors, la partie la plus coûteuse, proposent aussi des mâts de hauteurs variables pour un même rotor. En conséquence le marché propose toujours des machines de tailles variables, et leur implantation n’est pas non plus à proscrire en fonction des spécificités des lieux d’implantation.
Certes, ces rotors placés sur des mâts plus hauts pour atteindre une hauteur de près de 200 mètres augmentent encore la productibilité, toutefois, il parait évident qu’elles ne seront pas non plus « adaptées » en tous lieux aux spécificités de notre territoire fortement anthropisé, même si elles rencontrent les indications du cadre de référence qui vise la maximalisation de l’exploitation d’un gisement local.
Concernant l’impact de la distance entre les éoliennes et l’habitat, cet aspect est actuellement en cours d’évaluation. En conséquence il ne m’est pas possible de prendre position sur des réflexions qui sont en discussion avec les autres membres du Gouvernement.
Pour le surplus, je renvoie l’honorable membre vers les échanges intervenus lors de la séance de la Commission du 19 avril 2022, dans le cadre de l’examen d’une interpellation que m’a adressée Monsieur le Député, André Antoine, concernant l’acceptation par la stratégie wallonne du Gouvernement wallon des éoliennes de la dernière génération.”
Cette question de la distance aux éoliennes doit être une priorité ! C’est la seule façon de continuer à développer l’éolien wallon et d’atteindre nos objectifs, moyennant évidemment le respect des normes de bruit qui restent les mêmes quoi qu’il arrive.