À l’aube du blocus d’hier, repenser la logique des blocus

Nous sommes à quelques jours du début du blocus d’hiver, une période que l’on sait intense pour les étudiants et avec l’arrivée des examens, une période stressante. Nous ne devons pas oublier que le blocus est souvent synonyme d’isolement et de défi pour la santé mentale des étudiants.

L’arrivée du blocus m’amène sur deux questionnements.

Premièrement, l’accès aux ressources nécessaires à la réalisation du blocus étudiant. Par là, j’entends l’accès à des locaux d’études, aux matériels et supports de cours nécessaires et au matériel informatique, en ce compris la connexion internet. A l’heure ou la précarité étudiante est grandissante, l’ensemble des étudiants n’a pas toujours accès à un lieu d’étude adéquat, suffisamment calme pour pouvoir étudier et équiper des connexions nécessaires.

En outre, le blocus et les examens sont des périodes particulièrement difficiles et ne permettent en aucun cas un repos pour les étudiants. L’enchaînement des cours, du blocus et des examens ne permet pas de repos et de reprendre la seconde partie de l’année de la meilleure manière.

Ce qui m’amène à la deuxième question que soulève le blocus : le rythme académique, et donc sa réforme. Nous avons suivi avec beaucoup d’intérêt l’avancée des travaux de l’ARES sur la question.

On a aussi entendu l’annonce des universités la semaine dernière qui ont décidé d’aligner leurs congés pour l’année prochaine. C’est une première étape, mais c’est évidemment très loin de la réforme ambitieuse qu’on espère, qui ne concerne pas uniquement le calendrier, mais aussi les rythmes académiques.

Nous restons convaincus qu’il est nécessaire de revoir les rythmes académiques et par la même occasion les modes d’évaluation et la pédagogie de l’enseignement supérieur. Et cette réforme, elle doit être partagée par l’ensemble des acteurs de l’enseignement supérieur dans l’intérêt des étudiants.

D’où ces questions à la Ministre de l’Enseignement supérieur, Françoise Bertieaux :

  • Existe-il un endroit qui recense les lieux mis à disposition des étudiants dans et hors des établissements sur les différents campus ?
  • Des mesures sont-elles prises pour les étudiants ne disposant pas du matériel informatique nécessaire ?
  • Où en sont les travaux du GT de l’ARES au sujet de la réforme des rythmes académiques ? Quel est l’impact de la décision des universités sur ces travaux ?

Réponse de la Ministre :

“Monsieur le Député, le site aide-etude.be ouvert sous cette législature, renseigne sur les espaces publics numériques, accessibles à tous, dotés de matériel informatique et d’un accès à internet gratuit ou à prix réduit, tant en Wallonie qu’à Bruxelles. De même, ce site renseigne les villes offrant un accès wifi gratuit, notamment dans les lieux publics et les transports en commun, et fait le relais avec les pôles académiques. En effet, les pôles académiques proposent des lieux accessibles aux étudiants pendant le blocus. Le Pôle académique de Bruxelles met à leur disposition une liste d’espaces de travail disponibles consultable sur son site web et collabore avec le service École et vie étudiante de Perspective.brussels qui travaille activement sur la question à l’accès aux espaces études en région Bruxelles-Capitale et a créé la plateforme www.studyspaces.brussels. Les institutions du Pôle hennuyer ont formalisé en 2021 leur collaboration par la convention «blocus encadré», qui permet l’accès aux locaux d’étude situés dans la province aux étudiants des institutions partenaires durant les blocus, selon ses modalités propres et aux conditions fixées pour ses propres étudiants, avec une capacité d’accueil atteignant 2 300 places.

Les institutions du Pôle Liège-Luxembourg ouvrent les portes de leurs bibliothèques et de leurs salles d’études aux étudiants qui peuvent consulter les horaires d’ouverture, les offres de wifi et de repas sur place par l’intermédiaire du site web du pôle. Le Pôle de Namur répertorie les salles d’étude disponibles sur son site web, tandis que du côté du Pôle de Louvain, chaque établissement gère ses espaces. Comme je l’ai déjà mentionné le 21 novembre dernier, je n’ai, à ce stade, aucune information officielle sur l’avancée des travaux du groupe de travail de l’ARES sur les rythmes académiques. Le conseil d’administration de l’ARES m’a adressé le 26 septembre dernier un courrier pour m’informer qu’il se saisit à nouveau de la question afin de remettre un avis circonstancié. Le groupe de travail élargi devrait reprendre ses activités dès janvier 2024. Le Conseil des recteurs des universités francophones (CRef) se serait accordé tout seul, en interne, mais cela n’indique pas pour autant que ce seront les conclusions du groupe de travail, et j’ose espérer que les accords pris par CRef ne crisperont pas les relations dans les discussions avec les hautes écoles et les écoles supérieures des Arts.”

La Ministre a raison de rappeler l’existence du site www.aides-etudes.cfwb.be. En effet, communiquer l’existence de ce site internet est nécessaire. Le rôle des pôles académiques est fondamental afin de permettre à chaque étudiant un accès aisé à un lieu d’étude sur les différents campus. Les efforts en la matière doivent être plus renforcés.

En outre, je partage aussi son point de vue sur les rythmes académiques. L’annonce du CRef ne viendra pas perturber les travaux du groupe de travail de l’ARES, en espérant qu’ils se poursuivent sereinement, en vue d’aboutir rapidement à un consensus avec l’ensemble des acteurs concernés. C’est tout à fait primordial si nous voulons réformer les rythmes académiques dans leur ensemble, parallèlement à la réforme des méthodes pédagogiques. En effet, la logique des blocus ne favorisant que la mémoire à court terme et le fait de tout miser sur cette courte période n’est plus idoine au 21e siècle. L’enseignement supérieur doit évoluer vers des pratiques innovantes le plus rapidement possible.