Nous nous réjouissons tous de la reprise des cours en 100 % présentiel dans les auditoires et les salles de cours de l’enseignement supérieur, ainsi que du bouillonnement de vie que nous voyons à nouveau sur les campus.
Hélas, deux récents incidents survenus sur le campus de Louvain-la-Neuve au cours de la dernière semaine de septembre, dont l’un lors d’une activité de baptême, ont également particulièrement marqué les esprits. Heureusement, les deux étudiantes accidentées en question semblent aller mieux et tirées d’affaires.
Je soutiens pleinement les autorités académiques de l’UCLouvain qui ont tenu à suspendre les activités festives estudiantines par respect pour l’étudiante blessée et sa famille car les circonstances de son accident devaient encore être mises au jour.
Soulignons qu’il ne s’agissait apparemment pas d’une activité de baptême dans ce cas. Par contre, dans le cas de l’étudiante placée en coma artificiel suite à une bleusaille d’un cercle étudiant, la charte des droits et des devoirs pour les baptêmes estudiantins avait été signée et respectée. On le voit bien, malgré l’existence d’une telle charte, le risque zéro n’est jamais garanti.
La Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, indiquait récemment que ladite charte, proposée par la CoVEDAS et adoptée par l’ARES au début 2020, ne prévoyait pas de processus d’évaluation, mais que l’ARES allait y apporter des propositions pour une éventuelle nouvelle version. La Ministre suggérait d’ailleurs d’inclure dans cette révision la question des discriminations, du harcèlement et des violences sexistes et sexuelles, ainsi que le bien-être animal et nous ne pouvons que vous encourager dans ce sens, dès lors qu’il s’agit d’un volet tout aussi important que celui relatif à la sécurité.
D’où ces questions adressées à la Ministre :
- On apprenait la semaine dernière que l’ARES avait chargé la CoVEDAS de proposer une nouvelle version de la charte. Comment va s’opérer ce processus d’évaluation ? Dans quel calendrier attendez-vous la nouvelle version de cette charte ?
- Ne pensez-vous pas qu’il serait également utile d’inclure une mesure d’évaluation systématique de la charte des baptêmes par la CoVEDAS, ainsi que la possibilité de la rendre contraignante à tous les établissements d’enseignement supérieur où sont organisés des baptêmes étudiants ?
- Enfin, plus spécifiquement, certains responsables de services pour la qualité de la vie étudiante ont exprimé leur préoccupation quant au nombre d’étudiants qui voudraient rattraper le temps perdu des confinements et d’un nombre élevé d’étudiants « à baptiser » suite à l’absence de baptêmes l’année dernière. D’après vos informations, ces craintes sont-elles justifiées après les premières semaines de guindailles et de bleusailles ? Si oui, des dispositions supplémentaires ont-elles été prises afin d’y palier ?
Dans sa réponse, la Ministre rappelle notamment que “ce type d’activités ne relève pas de la responsabilité des établissements d’enseignement supérieur. Il n’est donc sans doute pas approprié d’envisager d’imposer des mesures coercitives à ces établissements; c’est pour cette raison que l’ARES a choisi de publier une charte des bonnes pratiques, qui n’est pas un document contraignant.”
La responsabilité des établissements a des limites, en tout cas sur le plan légal. Sur le plan moral, cependant, il va de soi que les incidents liés aux activités universitaires et étudiantes au sens large ne peuvent être glissés sous le tapis, car le but de l’université est aussi de former des citoyens responsables. Il y a là une réflexion à mener à laquelle les établissements doivent prendre part, ce que bon nombre d’entre eux font déjà très bien.
Je me réjouis de l’évaluation à laquelle va procéder la CoVEDAS; nous en lirons les résultats avec attention. Toutefois, nous devons réfléchir à l’intégration d’une évaluation continue et à l’ajout éventuel d’un caractère contraignant à cette charte, en fonction des résultats de l’évaluation. Mais cette charte ne résout pas tout.
Au-delà de ce texte se trouve aussi la nécessité d’une sensibilisation permanente. Pour ce faire, chaque acteur a un rôle important à jouer; c’est particulièrement vrai en cette année qui marque le retour à une vie normale.